Pause contemplative

Blotti dans le creux d’un arbre à l’écart du sentier, je détaillais avec attention les randonneurs en contrebas. En solitaire, en duos ou en familles, ils défilaient sous mes yeux scrutateurs. Je notais leurs équipements, leurs démarches, leurs respirations, leurs consciences de la nature autour d’eux. Du barbu pieds nus à la grâce d’une jeune femme semblant danser sur le chemin, j’appréciais le spectacle total de la nature humaine dans la Nature.

Un solitaire sortit du chemin au même niveau que moi mais se dirigea à l’opposé, vers les abords du torrent. Il resta quelques minutes à respirer profondément, la tête légèrement penchée, les yeux fermés, puis il sortit de son étui une flûte traversière et se lança dans une improvisation hypnotique, accompagné par le tumulte de l’eau. Un concerto en torrent majeur.

Je remarquai alors une rapide montée des eaux. Une éclusée au niveau du barrage en amont sans doute. Une fausse note suraiguë, des pieds mouillés, et une retraite désordonnée vers le sentier fermèrent cette parenthèse magique de manière tragi-comique.