Le lac

J’atteignis un petit lac souriant, calme et limpide, bordé d’une forêt amicale. Je m’étendis au bord, jouissant de ma solitude. Au rythme d’une légère brise, transportant des fragrances subtiles, les poils de mes narines gonflées dansaient une valse libre. Un sabot-de-Vénus me répondait galamment par une bourrée enjouée avec toute la grâce d’Aphrodite qui aime les sourires. Les nombreux arbres environnants nous encourageaient en battant des feuilles, presque en cadence. Le lac lui-même, attiré par cette chorégraphie cocasse, tentait de se rapprocher, mais ses ondes, impuissantes, n’arrivaient pas à franchir la rive.
    Désirant me rafraîchir après cette danse passionnée, je laissai mes vêtements au bord de ce lac curieux. Il me parût frémir de plaisir à mon arrivée, et scintiller avec lubricité, ou alors n’était-ce que mon imagination bouillonnante? Peu importe, je plongeai placidement dans une eau vivifiante. Il m’enlaça alors avidement, parcourut minutieusement mon corps nu, m’entraîna dans ses profondeurs intimes, et me couvrit avec voracité de milles baisers mouillés. Je fuis hors de l’eau cette amante dévorante, qui me caressa de dernières gouttes larmoyantes. Je m’éloignai avec hâte et me rhabillai simultanément, les deux tâches ne s’accordant pas aisément.